Xenia Lucie Laffely, Beth Frey, Grace Kalyta, and Paula Maclean.
Une question revient constamment è l'esprit devant l'art sans compromis de Xenia, Beth, Gracie et Paula : comment c'est fait. C'est certainement liée à la manière dont elles s'approprient différentes techniques et transforment leur support pour exprimer des intérêts communs, tels que l'intimité, l'artisanat, la matérialité, la narrativité et l'étrangeté.
Xenia Lucie Laffely utilise du satin et du velours, des matériaux typiquement associés au luxe du confort, qu'elle brode et matelasse pour y intégrer des images d’auto-fiction imprimées, familières et sentimentales, et cependant troublantes. En évoquant le retrait, l'immobilisme, la transgression, l'impureté, le lesbianisme et le vieillissement, elle remet en question les stéréotypes sexistes et critique le nid douillet de la domesticité, où l'éthique du productivisme se perpétue.
Beth Frey tire sa motivation créative d'une fascination inusitée pour la destruction des apparences, souvent la sienne. Ses aquarelles démontrent une rare capacité à reconstituer, par le biais de compositions élastiques complexes, des identités en voie de désintégration. Son humour irrésistible est tout aussi efficace lorsqu'elle transpose ses aquarelle en performances vidéo, où son d'autodérision met à mal les construction de l'image de soi auxquelles les médias sociaux nous ont habitués.
Le travail de Grace Kalyta célèbre l'univers kitsch de la banlieue du Midwest. En cultivant une esthétique marginale et diariste, faite de similicuir, de fausses pierres précieuses et d'ornements de salle de bal, elle opère un subtil décentrement. Elle laisse les protagonistes invisibles en dehors du cadre, ce qui déplace l'attention sur la relation entre les objets et les rôles sociaux qu’ils évoquent.
Paula Maclean noie dans la résine les vestiges d'un quotidien presque palpable. Inaccessibles au toucher et protégés de l'oxygène, les objets et les images encapsulés dans le miel dur froid et froid appartiennent à la temporalité du memento mori, une poétique dont la beauté est d'autant plus poignante qu'elle traite du temps à jamais révolu.
Les œuvres de Paula, Grace, Beth et Xenia sont le fruit hybrides de techniques artistiques traditionnelles et de procédés standardisés, qu'elles s'approprient judicieusement et avec talent pour exprimer des idées précises et personnelles. C'est la recette d'un art durable.
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