La part manquante
-Ce tableau se tient!
On imagine d’emblée la posture de celui qui s’exprime ainsi devant une œuvre. Les bras croisés, le poid du corps reposant sur une jambe en retrait, la tête légèrement penchée vers l’arrière. Il enligne avec ces quelques mots toutes les dimensions de l’objet - forme, contenu, et message - sur une certitude qui clôt, selon lui, la question.
Or, effectivement, les tableaux de David Gagnon se tiennent; mais en se tenant eux-mêmes, ils ne tiennent, pour ainsi dire, qu’en peu de choses. Ce sont des sortes de porte-à-faux d'une métaphysique avare, ouverte sur un théâtre de la pénombre où se joue une scène intime, presque mystique, évoquant les jeux d’enfants.
Quand parmi les décombres de la scénographie en chantier, nous découvrons un regard qui répond au nôtre, nous sentons bien que ce ne sont pas des yeux complices qui nous observent. Ils semblent nous dire: “quel besoin avons-nous de vous?” ou ”Tout cela ne vous concerne pas!
Et lorsque toutes les certitudes initiales se seront effondrées, il ne restera plus rien du ton présomptif de notre exergue. Ou n’est-ce en réalité que le début?
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